Atheist – Piece of Time – 1990

Alors que Coroner et Death avait amené le côté très technique dans le Thrash Metal et ainsi conduire à la création de Death Metal, il ne fallut pas trop de temps avant qu’un autre groupe arrive avec ses grands chevaux pour monter la barre de plusieurs crans. La formation Américaine Atheist est un des principaux groupes à avoir tout chamboulé au niveau technique en incorporant des éléments issus du Jazz et du Progressif à un Death Metal corrosif et disjoncté. Piece of Time est sans nul doute un album qui a marqué l’Évolution Métallique et qui a influencé d’innombrables groupes par la suite. Même si à cette époque le terme « Technical Death Metal » n’était pas encore tout à fait existant, il est indéniable de mentionner Atheist comme étant l’un des instigateurs de cette mouvance qui allait révolutionner le Métal Extrême. Grâce à ses structures ultra complexes et ses riffs éclatés, Atheist venait de redéfinir le Métal tout entier. Oui, la grande scène métallique mondiale se dirigeait vers les recoins les plus obscurs de l’underground mais à partir de là, il fallut prendre les musiciens Métal plus au sérieux. Ici, il n’était plus question de pouilleux aux cheveux longs faisant du bruit. Non, ici on parlait de musiciens intelligents qui excellaient sur leurs instruments et en composition, musiciens qui allaient révolutionner la musique tout entière.

Bathory – Hammerheart – 1990

Non seulement Bathory a contribué au développement du Black Metal en étant l’un des pionniers du genre, il est aussi l’un des pionniers de ce qui allait devenir le Viking Metal. Bien que le sujet de la mythologie Nordique ait été abordé sur les précédents albums, c’est avec Hammerheart que Bathory est devenu l’un des premiers groupes de Viking Metal pur et dur. Le style musical changeait drastiquement avec des pièces plus lentes et surtout plus épiques et d’une durée moyenne de près de neuf minutes par pièce. Quorthon apportait aussi une nouveauté au niveau des voix, utilisant des voix plus « cleans » et des éléments issus de chants guerriers ce qui donnait aux pièces ce côté épique. Ce cinquième album aura une nette influence sur ce qui suivra notamment au niveau de groupes issus de la scène Scandinave. Est-ce que Bathory a changé le cours de l’histoire Métallique? En doutiez-vous une seconde?

Celtic Frost – Vanity/Nemesis – 1990

Suite au désastreux Cold Lake, Tom Fischer s’était résigné et avait compris son erreur monumentale. Celtic Frost revint donc avec un ultime album avant sa dissolution complète. Vanity/Nemesis revisitait le Celtic Frost des débuts avec des parcelles Gothiques tirées de Into the Pandemonium mais le mal étant fait avec Cold Lake, le groupe ne s’en relèverait finalement jamais. Mais, Vanity/Nemesis contenait amplement de matériel original bien ficelé et intéressant pour influencer de nombreux groupes par la suite à implanter ce que nous appelons maintenant le « Gothic Metal ». Malgré son statut de pionnier du Métal extrême et une réunion avec un nouvel album en 2006, Celtic Frost allait souffrir éternellement de sa décision suicide avec Cold Lake et ce suicide musical se ressentait aussi sur Vanity/Nemesis avec ses quelques pièces inégales et sans inspiration. Malgré tout, cet avant dernier album nous montre que Celtic Frost était capable de revenir avec du matériel de qualité et mérite sa place au sein de la longue liste de l’Évolution Métallique.

Razor – Shotgun Justice – 1990

La fin des années 80 fut chaotique pour la formation Canadienne Razor. Après un album désastreux avec Custom Killing, le groupe avait réussi à se remettre sur les rails avec Violent Restitution mais l’intérêt de Stace McLaren pour la continuation du groupe s’effritait de plus en plus ce qui conduisit à son départ en 1989. Par chance, Razor était revenu en force avec un nouvel album et un nouveau chanteur en la personne de Bob Reid. Shotgun Justice nous montrait le Razor des débuts avec sa fougue et ses riffs qui décapent et même si la voix de Reid était fort différente de McLaren, elle avait réussi à rapidement prendre sa place dans le son global de Razor. Les pièces contenues sur Shotgun Justice frappent très fort avec leur rapidité et la sauvagerie sonore qui s’en dégage. Un album digne des grands albums du Thrash Metal Canadien et une influence importante pour de nombreux groupes qui allaient suivre.

Death – Spiritual Healing – 1990

On dit du groupe Death et de son fondateur Chuck Schudliner qu’ils sont les pionniers du Death Metal et c’est un fait. Mais, non seulement Death est l’un des pères fondateurs du Death Metal, le groupe est surtout conne pour son apport essentiel au Death Metal Technique tel que nous le connaissons aujourd’hui. Le troisième album, Spiritual Healing, servait de pont entre deux périodes de Death : Les débuts plus orientés vers le Death Metal pur et originel et la période où le groupe s’est lancé dans une musique beaucoup plus progressive et technique en tout points. Spiritual Healing contenait donc le meilleur des deux mondes et doit impérativement être considéré comme étant un album capital pour l’évolution du Death Metal. Le génie de Chuck Schudliner est bien représenté sur cet album et il est important de mentionner que Death, c’est en fait Schudliner tout court car le groupe a subi de nombreux changements de personnel au cours de sa carrière jusqu’à la mort de son leader en 2001. Allez mécréants, prosternez-vous devant le Dieu du Death Metal!

Paradise Lost – Lost Paradise – 1990

Le début des années 90 allait apporter un grand vent de changement dans l’univers métallique mondial. Les groupes émergents optaient de plus en plus pour des sonorités extrêmes et le Hair Metal ou Glam Metal était heureusement pratiquement disparu de la surface du globe. On sentait que cette disparition allait entraîner une nouvelle entité prête à émerger pour prendre la place du Métal dans les palmarès du globe. Le changement allait également s’effectuer de façon drastique dans le Métal qui deviendra marginal et underground créant ainsi de nouvelle entité et de nouveaux styles. Paradise Lost était arrivé avec un vent de fraîcheur sur son premier album en mélangeant le Death Metal gras et pas gentil avec le Doom Metal. Les compositions contenues sur Lost Paradise étaient puissantes, grasses et surtout très lentes. En incorporant certaines sonorités de claviers à ses pièces, le groupe avait réussi à créer une atmosphère glauque remplie de noirceur qui allait influencer toute une génération de musiciens. Certaines idées seront reprises par des groupes de Black Metal par la suite et donneront naissance à un nouveau genre : Le Funeral Doom Metal. Même si cet album n,a pas connu un succès instantané, il ne faut surtout pas minimiser son incroyable influence et son apport important à la suite de cette grande Évolution Métallique.

Pestilence – Consuming Impulse – 1989

Consuming Impulse fut le deuxième et dernier album de Martin Van Drunen avec Pestilence avant que celui-ci aille fonder une autre formation légendaire : Asphyx. Ce deuxième album de Pestilence était beaucoup plus étoffé et technique que le premier album, la production était impeccable pour cette époque et les compositions du groupe étaient totalement incroyables. Le Death Metal sortait des frontières Américaines et s’étendait maintenant à l’échelle planétaire, chaque recoin avait sa sonorité propre et Pestilence a grandement contribué au son du Death Metal Européen en influençant bon nombre de groupes qui allaient dominer la scène dans les années 90. Ceux qui affirmaient que le Métal était en train de mourir se mettait carrément un doigt dans l’œil : Le Métal était en train de s’effacer dans les tréfonds du monde underground pour être en mesure de survivre et de se développer. Les temps obscurs pour le Métal arrivaient à grand pas et la révolution ne serait que plus grande et plus effroyable.

Nuclear Assault – Handle With Care – 1989

Handle With Care fut le troisième et dernier album digne de ce nom avant la débandade de Nuclear Assault. Malgré une production faible, cet album comportait suffisamment de riffs tranchants et de pièces enlevantes pour influencer une toute nouvelle génération de Métalleux les années suivantes. La voix particulière de John Connelly et le son de basse de Danny Lilker contribuaient énormément au son de Nuclear Assault et comme ont, dans les petits pots les meilleurs onguents, c’est à grands coups de riffs simples et de martèlement en continu que Nuclear Assault a fait son bout de chemin transformant du même coup le Thrash Metal pour l’amener à un autre niveau. Handle With Care est un de ces albums qui demeurent intemporels et qui peuvent aisément faire la leçon à la jeunesse Métallique d’aujourd’hui!

Ministry – The Mind is a Terrible Thing to Taste – 1989

Lorsque l’on parle de « Game Changer » pour un album, cela signifie qu’il a eu suffisamment d’influence et d’impact pour avoir changé la musique à jamais. Certains albums ont été plus importants que d’autres dont The Mind is a Terrible Thing to Taste de Ministry. Cet album a littéralement tout changé dans le vaste monde de la musique underground. Non seulement cet album est considéré comme étant le pivot vers le Métal Industriel influençant des groupes comme Fear Factory, Strapping Young Lad ou encore Prong, il a aussi changé la perception que nous avions de la musique underground. Le Punk, l’Industriel, le Gothic Rock, le Métal et bien d’autres sous genres se trouvaient tout à coup réunis sous la même bannière redéfinissant ainsi le cours de l’histoire musicale. Cet album a aussi contribué à créer de nombreuses autres entités avec des sommités telles par exemple Jello Biaffra ou Trent Reznor, influençant ainsi toute une nouvelle génération de musiciens qui allaient façonner le cours de l’évolution musicale tout entière. The Mind is a Terrible Thing to Taste est l’un des albums les plus importants du monde musical underground, un album incontournable qui frise la perfection. Ouvrez grands vos esprits et constatez par vous-même le changement historique que cet album a apporté.

Terrorizer – World Downfall – 1989

Le Death Metal commençait à solidement s’implanter et les groupes qui s’adonnaient à ce chaos musical amélioraient le style chacun à sa façon. Le Grindcore était né et cette tangente tendait à exploser pour prendre une juste place dans cet univers extrême. La formation Terrorizer était arrivée avec un premier album plus qu’explosif, en fait World Downfall avait redéfini le Grindcore et le Death Metal avec des pièces courtes qui frappaient fort. L’apport de Pete Sandoval et de Jesse Pintado a été sans conteste significatif pour le Death Metal, les deux continuant une prolifique carrière soit avec Morbid Angel ou Napalm Death. La carrière de Terrorizer fut de très courte durée puisque la vie du groupe s’arrêta net suite à la sortie de l’album. World Downfall se retrouva dans la longue liste d’albums cultes et influents en changeant le Death Metal de façon significative. Terrorizer a été ressuscité en 2006 avec un album catastrophique et suite au décès de Jesse Pintado en 2006, Terrorizer n’aura jamais réussi à redevenir le groupe culte qu’il était en 1989. World Downfall demeure le seul et unique véritable album de Terrorizer et tout amateur de Death Metal devrait en prendre connaissance pour bien comprendre les origines.

Godflesh – Streetcleaner – 1989

Vers la fin des années 80 une gigantesque métamorphose s’était effectuée et les mélanges de styles devenaient de plus en plus courants. Alors que le Métal et l’Alternatif formaient deux mondes bien distincts au début de cette décennie, la fin de celle-ci entraîna la fusion entre les deux genres pour former de nouveaux styles et ainsi permettre une évolution musicale encore plus éclatée. L’industriel, le Punk, le Métal et le Gothic Rock trouvaient maintenant preneurs dans chacune des sphères, chacun s’appropriant les sonorités de l’autre. Ministry avait été l’instigateur de cette mouvance en ajoutant des guitares incisives et de la vitesse sur des compositions mécaniques et typiquement industrielles et Al Jourgensen fût rapidement suivi par les Anglais de Godflesh qui, s’influençant de groupes comme Celtic Frost et Black Sabbath, ajoutèrent des idées provenant de Crass, Killing Joke, Swans et Throbbing Gristle. L’Industrial Metal était né comme ça, sans s’annoncer, et le résultat fut foudroyant. Sur son premier album, Streetcleaner, Godflesh sur des rythmiques lentes, répétitives et très mécaniques avec des guitares abrasives et un son très « Heavy » pour faire monter la musique Industrielle vers un autre niveau. Même si c’est Ministry qui avait réussi à réunir les différents styles underground, c’est Godflesh qui a scellé le pacte qui allait faire évoluer le tout vers un monde infiniment grand et rempli de possibilités. Il y avait et il y aura toujours des détracteurs de musique faite avec des machines, mais au final, ce n’est pas notre problème! Ouvrez grandes vos oreilles et enlevez vos œillères, la musique mécanique est là pour rester!

Carcass – Symphonies of Sickness – 1989

Le Grindcore étant quelque chose de relativement nouveau, il fut grandement incompris à ces débuts. Avec son premier album, Carcass avait implanté les bases du style avec des pièces chaotiques et une production floue mais le deuxième album, Symphonies of Sickness fut beaucoup plus fluide et « écoutable ». Le Gore faisait son apparition et c’est avec une trame sonore de film d’horreur bien dégoulinant que Carcass planta la graine qui allait devenir ce que nous appelons le Goregrind. Ce deuxième album était moins rapide que le premier et offrait différentes structures musicales et de changements de tempos soudains. Certes, la production était toujours un peu sale mais ça apportait le charme et le ton de l’album. Le Goregrind était né et une multitude de groupes allaient prendre cette voie dans les années à venir redéfinissant ainsi les standards Métalliques des années 80.

Cryptosis – Bionic Swarm – 2021

Cryptosis – Progressive Thrash Metal – Pays-Bas
Bionic Swarm – 2021
Century Media

J’entends ou je lis souvent des commentaires disant que le Métal d’aujourd’hui n’est pas comme dans le temps et qu’il ne se fait plus rien de bon de nos jours. Moi, je dis ceci : Bullshit. De l’excellent Métal, il en sort à chaque année depuis 1970, point final. Et quand j’entends des albums comme Bionic Swarm de Cryptosis, ça me fait dire que des excellents albums Métal, ça existe encore cette année!

Contrairement à ce que nous pourrions penser, Cryptosis n’est pas vraiment un nouveau groupe puisque les membres ont sorti deux albums et un EP sous le nom de Distillator entre 2013 et 2020. Pour son troisième album, le groupe a tout simplement décidé de changer de style en augmentant la technicité de ses compositions et tant qu’à y être, en changeant de nom pour Cryptosis. Au fait, c’est quoi finalement Cryptosis? C’est des riffs ultra techniques et une rythmique solide comme un char d’assaut avec des thèmes oscillant entre la science-fiction, la dystopie et la technologie. Ah oui, j’oubliais, les riffs sont complexes et dissonants et ça me rappelle vaguement quelque chose…

Même si nous pourrions par un curieux hasard affirmer que Cryptosis s’est influencé, hypothétiquement bien sûr, de Voïvod, Vektor et Coroner, il serait aussi bon d’affirmer que le groupe puise dans diverses sources musicales pour nous concocter des pièces très sophistiquées qui sonnent incroyablement bien avec une puissance de frappe et des idées complètement flyées et pleines de rebondissements.

En gros, Bionic Swarm est en lice pour être très haut dans le top de Hurlemort 2021 car il est présentement en tête de liste du meilleur album de 2021 à ce jour. Je suis heureux qu’il y ait encore des albums qui me jettent en bas de ma chaise et que le Métal se porte encore super bien malgré la merde qui nous est tombée dessus au début de 2020.

Composition : 10
Exécution : 10
Arrangements : 9.5
Production : 9.5
Appréciation : 9.5

Bolt Thrower – Realms of Chaos : Slaves to Darkness – 1989

Alors que le Death Metal nouvellement instauré était une affaire typiquement Américaine, il ne fallu pas trop de temps avant que la contagion n’atteigne le reste du monde. Le deuxième album de Bolt Thrower apportait quelque chose de nouveau dans ce nouveau monde métallique : L’accordement très bas. Ce changement de tonalité apportait une sonorité extrêmement grasse et lourde qui allait devenir la marque de commerce du groupe mais aussi du Death Metal tout court. Contrairement à son premier album qui était plutôt chaotique, Bolt Thrower avait défini une structure élaborée dans ce chaos musical pour faire de Realms of Chaos : Slaves to Darkness une déclaration de guerre au Métal « mainstream » et au grunge qui commençait à prendre trop de place. Pour sortir un album comme celui-ci à la fin des années 80, ça prenait des couilles en béton et il fallait être fait forts pour comprendre ce qui se passait vraiment. Le Métal avait décidé de changer de direction pour assurer sa survie et ainsi pouvoir à nouveau régner sur la marée montante du grand vide musical qui déferlera sur les années 90.

Voïvod – Nothingface – 1989

Nothingface fut le cinquième et dernier chapitre de la saga du Voïvod et de son voyage amorcé avec War And Pain. Après la terre, l’état de machine de guerre, l’espace, les autres dimensions, le Voïvod visitait maintenant l’infini et musicalement Nothingface fut un album qui allait changer le cours de l’histoire musicale à tout jamais. Le Progressif faisait maintenant partie intégrale de la musique de Voïvod et le groupe était devenu un des groupes les plus innovateurs de la planète avec ses structures complexes et ses riffs incroyablement bien construits. Nothingface est sans aucun doute le meilleur album Métal des années 80 et aussi une des albums Métal les plus intelligents jamais créés. La reprise de Astronomy Domine de Pink Floyd est à elle seule une réussite sur toute la ligne, surpassant possiblement l’originale. Plusieurs minimisent l’impact que Voïvod a eu non seulement sur la musique Métal mais également sur la musique tout court. Nothingface a permis à des musiciens de tous styles d’évoluer et de façonner la face musicale à l’échelle mondiale. Ce cinquième album est un des plus importants de toute l’histoire Métallique et Voïvod est un pionnier au même titre que les plus grands noms de cette merveilleuse Évolution Métallique!

Candlemass – Tales of Creation – 1989

On doit la création du Heavy Metal à Black Sabbath bien sûr mais aussi on doit au groupe de Birmingham la création du Doom Metal. Dans les années 80, ce style qui prône la lenteur est apparu en hommage au père du Métal mais est rapidement devenu une entité propre dans laquelle les acteurs majeurs du Doom pur et dur on fait la pluie et le beau temps pour faire évoluer le genre. Je parlais de perfection musicale avec King Diamond dans un texte précédent, Candlemass entre dans la même veine car le groupe avait réussi à cumuler un quatrième album parfait de suite avec des riffs qui semblent simples mais qui sont excessivement efficaces. Réussir à faire sonner un album avec le minimum relève de l’exploit mais en faire sonner quatre l’un après l’autre devient carrément de la sorcellerie. Le Doom Metal Épique est définitivement une invention de Candlemass et avec Tales of Creation, le groupe Suédois est définitivement devenu le maître incontesté du Doom. La survie du Métal allait aussi passer par la lenteur et le majestueux et Candlemass allait participer à ce sauvetage in extremis.

Coroner – No More Color – 1989

Vers la fin des années 80, le Métal en généal. était en train de changer radicalement pour le meilleur et pour le pire. Nous sentions qui si les groupes ne migraient pas vers quelque chose de plus extrême et de plus obscur, c’en serait terminé tout court car le Hair Metal commençait à s’effriter, ce qui était une bonne chose, mais le Grunge à en devenir allait brouiller bien des cartes et mener la vie dure Au Métal en général. Avec son troisième album No More Color, Coroner poussait le bouchon plus loin avec une technicité exemplaire, le Thrash Metal n,avait pas encore été si loin dans les riffs complexes et intelligents avec des structures musicales changeantes et de tempos autres que du simple 4/4. Le Technical Metal allait devenir une certaine forme de rébellion face à la simplicité qui allait devenir la norme chez les groupes « mainstream ». Pour survivre, il fallait oublier la célébrité et se concentrer sur la musique elle-même et de la pousser le plus loin possible. No More Color a permis au Métal de se faire une carapace, d’explorer de nouvelles avenues quitte à demeure « underground » pour le restant de son existence et ainsi refaçonner ce qui avait déjà été fait. Les années 90 allaient être une décennie difficile pour ceux qui voulaient devenir « big » mais deviendra par le fait même une décennie de tous les changements et à l’explosion du Métal extrême et très « underground ».

King Diamond – Conspiracy – 1989

Vers la fin des années 80, était-il possible pour un artiste Métal d’enligner chef d’œuvre par-dessus chef d’œuvre? Il semble bien que oui puisque King Diamond après avoir sorti deux incroyables albums avec Mercyful Fate, lançait en 1989 un quatrième album incroyable qui suivait trois précédents albums tout aussi incroyables. Il faut dire que le guitariste Andy La Rocque y était pour beaucoup avec des riffs extraordinaires mais le King était passé un maître de l’ambiance glauque et son mélange de styles passant du Classique au Progressif tout en incluant des éléments de claviers issus de films d’horreur rendait les compositions encore plus spectaculaires. Je n’ai jamais compris pourquoi King Diamond est toujours demeuré « underdog » car avec tout ce talent musical et ces idées complètement éclatées, il aurait pu devenir un des grands du monde Métallique. Attendez, King Diamond est l’un des plus grands du monde Métallique! Il a su demeurer intègre tout au long de sa carrière sans allouer quelque compromis que ce soit. C’est avec des albums comme Conspiracy que l’on constate que King Diamond est un véritable artiste dans tous les sens du terme, se foutant carrément de devenir « célèbre » et misant tout sur la qualité musicale au détriment du paraître et de vouloir plaire au plus grand nombre. La musique de King Diamond c’est en fait de la musique Classique en mode électrique et le King peut aisément être placé aux côtés de très grands compositeurs. Conspiracy est un autre album très influent pour la suite de cette belle Évolution Métallique!

Testament – Practice What You Preach – 1989

Avec le nombre grandissant de groupes provenant de la Bay Area et la soif de ceux-ci à se tailler une place au sommet de la grande famille Métallique, il était prévisible de constater que certains tenteraient de devenir plus gros que le bœuf et par le fait même implanter une certaine rivalité à savoir qui atteindrait le sommet en premier. Metallica avait changé la donne avec …And Justice for All donnant ainsi l’occasion à ses rivaux de tenter de renverser le plus grand groupe de cette région à ce jour. Le troisième album de Testament était une réponse directe à Metallica et malgré d’excellentes idées et de très bonnes chansons, il fallait se rendre à l’évidence que Practice What You Preach était une copie confirme de Metallica, en un peu plus technique. Le titre de l’album était assez clair : Testament pratiquait ce que Metallica leur avait enseigné. Est-ce que ce troisième album fut influent? Bien sûr car Testament a pris le meilleur de Metallica pour le monter à un autre niveau, ce que Metallica n’a pas réussi à faire lui-même par la suite. Donc, Testament avait pris le Thrash Metal sur ses épaules et ainsi perpétuer les enseignements Métalliques. Était-ce un défaut? Pas vraiment car le groupe a réussi à faire mieux que son professeur et l’a complètement éclipsé musicalement parlant. Practice What You Preach est un essentiel du Thrash Metal en tout points et mérite amplement sa place dans l’Évolution Métallique.

Kreator – Extreme Aggression – 1989

Extreme Aggression, cinquième album de Kreator, fut en quelque sorte la quintessence du groupe et fort possiblement son album le plus accompli en tout points. Le niveau technique des compositions était devenu incroyablement élevé et l’agressivité des pièces était telle que l’on pourrait considérer cet album comme étant aussi influent que le Reign in Blood de Slayer. Le Thrash Metal évoluait lui aussi en devenant de plus en plus complexe et Kreator en fut sans nul doute un des instigateurs de cette évolution. Un fossé séparait le premier album de groupe avec Extreme Aggression tant au niveau production qu’au niveau interprétation : Ventor était devenu une solide machine rythmique réglée comme une horloge et Mille Petrozza maîtrisait son jeu de guitare et son vocal comme un professionnel. Mais, était-ce vraiment l’ultime effort de Kreator? Possiblement pas et c’est ce que nous verrons avec l’album suivant. Kreator n’avait pas encore dit son dernier mot!

Obituary – Slowly We Rot – 1989

L’Évolution Métallique selon Sinistros #237
Obituary – Slowly We Rot – 1989
États-Unis

Alors que le Trash Metal provenait en grande partie de la Bay Area de San Francisco en Californie, le bastion Death Metal quant à lui provenait de la Floride où de nombreux pionniers du genre ont vu le jour et façonné chacun à sa minière le Death Metal que l’on connait aujourd’hui. Le premier album de Obituary se classe au sommet des albums pionniers et le groupe a contribué à modeler ce nouveau genre de Métal extrême à grands coups de riffs gras. Slowly we Rot avait été une bombe incendiaire dévastatrice à l’époque avec ses changements de tempo changeants, passant de très lent à rapide en quatre mesures tout en incorporant des vocaux gutturaux sortis tout droit d’un film d’horreur. Quand on parle maintenant de Death Metal pur et dur, un des premiers noms qui nous vient en tête est évidement Obituary. Vers la fin des années 80, les producteurs commençaient à être habitués à enregistrer des groupes plus extrêmes que le standard Heavy Metal si bien que pour un premier album, Slowly we Rot jouissait d’une excellente production ce qui contribuait grandement à rendre les pièces encore plus puissantes. Le double « bass drum » était devenu un incontournable, les musiciens devenaient de plus en plus rapides, ingénieux et techniques et ce n’était que le début vers une grande épopée Métallique. Le Death Métal était maintenant enraciné solidement mais il aurait à se battre un peu plus tard contre son pire ennemi : Le Grunge…

Sodom – Agent Orange – 1989

Plusieurs diront de Agent Orange que c’est un album surévalué. Je me suis toujours demandé pourquoi. Pourtant, sur son troisième album, Sodom avait mis les bouchées double tant au niveau des compositions qu’au niveau de la production et lorsqu’on écoute cet album d’un bout à l’autre, on retrouve bel et bien un album de pur Thrash originel bien exécuté et enlevant! Tom Angelripper y était allé de ses riffs les plus puissants et les mieux construits depuis les débuts du groupe et la machine de guerre rythmique était très bien huilée. Comment se fait-il alors que cet album fut affublé de cette mention de surévaluation? Serait-il possible que le grunge qui s’en venait soit responsable de cette calomnie? Est-ce que les purs fans de Métal extrême étaient en train de se ramollir la cervelle? Quoiqu’il en soit et malgré ce que les détracteurs en pensent, cet album est un des meilleurs albums de Trhash de tout les temps et un album extrêmement influent pour ce qui allait s’en venir. On doit la survie du Métal dans les années 90 grâce à des albums de ce genre. Mettez-ça dans votre pipe et que les détracteurs aillent se ressourcer à même l’histoire du Métal!

Morbid Angel – Altars of Madness – 1989

1989 fut marquée par d’étonnants changements dans le monde métallique. Alors que le Heavy Metal était en train de disparaître au profit des nouveaux venus Grunge, le côté extrême du Métal était quant à lui en pleine explosion et devenait de plus en plus obscur et éloigné des standards du « mainstream ». Le premier album de Morbid Angel fut un point clé pour ce changement drastique en devenant l’un des pionniers sacrés du Death Metal. Avec ses structures complexes et ses riffs tout aussi compliqués et ravageurs, Altars of Madness avait poussé l’extrémité du Métal à un autre niveau plongeant ainsi le monde Métallique dans des profondeurs musicales jusqu’ici inégalées. Le jeu de guitare incroyable de Trey Azagthoth a tout simplement redéfini le Métal et sa façon de le composer et a servi de point zéro pour tout ce qui allait suivre. La technicité du Métal venait de monter encore plus loin et l’univers Métallique venait de changer de cap pour tenter de survivre à cette invasion musicale qui allait devenir le Grunge.

Accept – Eat the Heat – 1989

Après avoir congédié Udo, les membres restants de Accept ont pris la stupide décision de vouloir conquérir le marché Américain et du même coup d’engager un « nobody » Américain en guise de chanteur. Le résultat désastreux fut Eat the Heat, un album sans aucune inspiration qui sonnait le réchauffé simili Heavy Metal générique Américain avec des titres comme Prisoner qui auraient pu aisément faire partie d’une trame sonore d’un film des années 80 comme Flashdance ou autre connerie cinématographie du genre. A tournée qui s’en suivi fut quant à elle encore plus désastreuse que l’album lui-même car le « nobody » David Reece se prenait pour une diva et son abus de substances diverses et d’alcool ont tôt fait de provoquer des tensions au sein du groupe jusqu’à l’éclatement d’une bagarre avec Peter Baltes. Suite à cet incident, Wolf Hoffmann laissa tomber l’éponge et c’en fut terminé avec Accept. Morale de cette histoire : Quand tu as une recette gagnante et un groupe solide, ne jamais flancher pour l’appât du gain. Rester intègre est et sera toujours la meilleure solution pour n’importe quel groupe malgré vents et marées. Eat the Heat est un album à oublier dans la discographie de Accept et dans l’histoire Métallique tout court.

DBC – Universe – 1989

Avec son deuxième et dernier album, la formation Montréalaise DBC poussait encore plus loin sa technicité et son ascension vers le cosmos. Cet album était ambitieux et fort différent de ce qui se faisait en matière de Métal à cette époque. Avec des structures beaucoup plus complexes que sur son précédent album, DBC gardait toujours en tête de faire un beau mélange de Thrash, de Crossover et de musique plus cérébrale avec ses riffs incroyablement bien ficelés et ultra techniques. M^me si la carrière du groupe fut de très courte durée, il est important de mentionner que son influence fut de taille au niveau mondial, le groupe a tout simplement ouvert la voie à d’autres entités en leur montrant comment faire du étal intelligent en puisant ses idées dans d’autres styles musicaux comme le Classique, le Jazz ou encore le Progressif. Cette influence allait aussi aider à créer de nouveaux sous genres métalliques plus complexes comme le Technical Death Metal plus tard. Universe est un petit joyaux du Métal Canadien qu’il faut absolument avoir en sa possession et ainsi en comprendre d’avantage sur les origines du Métal Ultra Technique.

Annihilator – Alice in Hell – 1989

Alice in Hell est le tout premier album du groupe d’Ottawa Annihilator. Annihilator a souvent été considéré comme faisant partie du « Big 4 » Canadien avec Voïvod, Exciter et Razor même si le terme « Big 4 » est en fait une pure « bullshit ». Mais ceci est une toute autre histoire. Alice in Hell fait partie de ces albums qui ont grandement influencé le Métal en général avec ses structures complexes et ses riffs incroyables mais ce qui retenait le plus l’attention, c’était la dextérité exemplaire de Jeff Waters sur son instrument et son extraordinaire capacité à composer et pondre des chefs d’œuvres. L’Intro Crystal Ann part le bal avec des guitares classiques brillamment jouées et le reste de l’album se poursuit avec les guitares complexes fortement influencées par la musique classique le tout bien imprégné de pur Thrash Metal original, rapide et agressif. Si vous ne connaissez pas encore ce petit bijou, hâtez-vous car cet album est un impératif pour comprendre non seulement l’Évolution Métallique Canadienne mais également à l’International. Un incroyable album qui nous tient en haleine d’un bout à l’autre!

Blind Guardian – Follow the Blind – 1989

En cette fin de décennie, le Speed Metal avait pratiquement été éradiqué et effacé de la surface du globe. Mais avant de tomber dans le Thrash ou le Power Metal, quelques irréductibles guerriers de la première garde résistait toujours et tentaient tant bine que mal de perpétuer cette flamme. Avec son deuxième album, Follow the Blind, Blind Guardian continuait sur sa lancée et gardait intact le Speed Metal avec ses pièces rapides et ses riffs aiguisés comme un rasoir. Toutefois, on sentait que le groupe allait prendre un tournant tôt ou tard vers le Power Metal et ça se ressentait au niveau vocal et au niveau des structures musicales qui se voulaient un peu plus épiques et chevaleresques. La transition était imminente et Blind Guardian allait devenir l’un des principaux acteurs influents du Power Metal valeureux. Si vous ne connaissiez pas les premiers efforts du groupe, allez jeter une oreille ou deux, vous aurez droit à tout un pan de l’histoire Métallique qui déferlera dans vos Tympans.

Kanonenfieber – Menschenmühle – 2021

Est-ce que c’est toujours possible en 2021 de faire du Death Metal bien ficelé qui sort du lot? Dans tout ce flot de groupes qui sonnent tous pareils, y a-t-il encore de la place pour de la fraîcheur et de la nouveauté? Et bien, il semblerait que oui car la toute nouvelle formation Allemande Kanonenfieber nous sort un premier album qui décape et qui perpétue la flamme du Black/Death Metal avec conviction et originalité.

Kanonenfieber utilise un sujet maintes fois visité mais qui décape toujours autant : La première guerre mondiale. Pour agrémenter le sujet, le groupe utilise des enregistrements de discours d’Allemands influents de l’époque ce qui nous met en contexte. Musicalement parlant, le groupe ne réinvente pas la roue mais s’approprie des sonorités et des ambiances empruntées à d’autres groupes du genre pour les mettre à sa propre sauce et ainsi se forger une identité propre à lui-même. L’exécution et l’instrumentation sont à la hauteur de ce qu’on attend d’un groupe de cette trempe : Kanonenfieber devrait se forger une solide réputation dans un avenir rapproché.

Pour ceux qui aiment le Death Metal noirci avec beaucoup de mordant, Kanonenfieber et son premier album Menschenmühle est à ajouter à sa collection sans plus tarder! Ce groupe sera définitivement à surveiller de près pour ses prochaines sorties.

Composition : 9
Exécution : 9
Arrangements : 8,5
Production : 9
Appréciation : 9

Dream Theater – When Dream and Day Unite – 1989

Le mélange de Rock Progressif et de Métal, mieux connu sous l’appellation Progressive Metal, a commencé à germer dès le début des années 80. Les pionniers Queensrÿche, Fates Warning et Voïvod ont été en quelque sorte les instigateurs de cette nouvelle branche métallique mais l’explosion du genre est sans nul doute dû au premier album de la formation Américaine Dream Theater. Le groupe s’inspirait directement des groupes Prog Rock des années 70 avec ses structures complexes et ses envolées musicales à couper le souffle en y incorporant des influences allant du Heavy Metal pur et simple au Thrash Metal rapide ce qui aboutissait à un parfait mariage entre les deux mondes réussissant du même coup à attirer les Proggeux originels vers une musique plus « Heavy » mais en attirant également les Métalleux vers une musique plus complexe et aussi plus intelligente. Dream Theater avait réussi à ouvrir les esprits des uns et des autres et dès lors, un monde de possibilités allait s’ouvrir tant pour les générations futures de groupes de Prog que pour les groupes de Métal. Ce premier album fut le seul et unique avec Charlie Dominici à la voix, il sera remplacé par James Labrie pour le deuxième album du groupe. Ce premier album est sans contredit une influence majeure pour le Prog Metal et un incontournable du genre.

Sepultura – Beneath the Remains – 1989

Avec Beneath the Remains, Sepultura montait en maturité et surtout en musicalité. Andreas Kisser prenait de plus en plus de place forgeant ainsi le son du groupe qui le conduirait vers les sommets du Thrash mondial. Les compositions étaient beaucoup plus techniques, le groupe explorait de nouvelles avenues avec des structures et des riffs complexes et des changements de tempo soudains prouvant que le groupe Brésilien était de calibre International et que ses membres n’étaient plus les ti-culs insouciants qui portaient fièrement le swastika en guise de rébellion. Ce troisième album pourrait être considéré comme étant le meilleur album du Métal Brésilien et fort possiblement le « Reign in Blood » de Sepultura et son influence fut telle qu’il a permis à d’autres groupes de voir le jour par la suite. Un chef d’œuvre du Thrash Metal qu’il faut s’empresser d’aller écouter!