Étant devenu adepte des défunts forums Québécois traitant de Métal, j’ai rencontré bon nombre de Métalleux virtuellement et c’est en discutant de notre passion que j’ai pu découvrir un bon paquet de groupes d’un peu partout sur la planète. J’avais un intérêt marqué pour la scène Black Metal Scandinave et sa mythologie donc cet intérêt m’a guidé vers un univers froid et sauvage. Borknagar a été l’un des nombreux groupes à piquer ma curiosité avec ses riffs rapides et ses mélodies vocales déferlant une fureur guerrière a grands coups de guitares incisives et de changements drastiques au sein d’une même chanson. The Olden Domain est un album que j’ai beaucoup aimé et qui m’a influencé même si Borknagar n’a pas été vraiment égal au fil des albums suivants. Fait à noter, le groupe a vu passer plusieurs acteurs de cette scène Black Metal dont ICS Vortex et Vintersorg.
La Chronosphère: Dimanche 30 Août 2015
Borknagar – The Dawn of the End – 1997

La Suède et la Norvège sont bien connues dans le milieu du Métal pour être le berceau du Black Metal et fort nombreux sont les groupes qui en ont franchi les frontières pour exporter des sonorités diverses, remplies de froideur, d’atmosphère sombre, de mythologie et de prouesses musicales. Comme j’expliquais précédemment, le Folk et le Progressif se sont naturellement jumelés et ont été imbriqués dans ce Black Metal malsain pour une évolution très riche et qui a abouti sur un genre à part entière. L’un des pionniers de ce mouvement est Vintersorg dont je ne me rappelle plus trop du comment j’ai découvert l’existence. Toujours est-il que l’album Odermarkens Son m’avait vraiment impressionné de par sa qualité musicale et ses harmonies vocales hautes en couleurs. Les changements soudains et étonnants ainsi que les arrangements grandioses m’ont fait comprendre que Vintersorg était non seulement un excellent compositeur mais certainement un des grands génies du Métal tous styles confondus.
Mon intérêt plus prononcé pour le Folk Metal m’a amené a faire des découvertes étonnantes et aussi faire un constat que même dans un sous style comme celui-là, l’éventail de sonorités était très large d’un pays à un autre, d’un groupe à un autre. Certains se contentaient d’être traditionnels purs et durs mais d’autres, à l’image de certains groupes des années 70 avaient choisi d’incorporer du progressif à leur Folk Metal. La formation Norvégienne Asmegin laissait transparaître ces influences tout en demeurant fidèles aux sonorités propres à leurs racines ancestrales. L’utilisation d’instruments tels le violon, la mandoline, le piano, l’accordéon et même le mellotron vient renforcer le son global du groupe en le rendant le plus naturel possible et ainsi lui confiner un mysticisme qui nous fait voyager dans des temps et coutumes très anciennes. Asmegin demeure un de mes groupes préférés du genre malgré sa courte existence et seulement deux excellents albums.
Bien qu’étant originalement un groupe de Black Metal, la formation Suisse Samael a rapidement changé son orientation musicale en intégrant des claviers et des échantillonnages pour forger un son plus axé sur l’industriel tout en gardant ses racines Métal. J’ai découvert le groupe avec l’album Reign of Light en 2004 et étant un grand amateur de musique Industrielle, le mélange de ces sonorités robotiques avec du Black Metal est venu instanément me chercher. L’intelligence des arrangements et la puissance des pièces ajoutées à une maitrise quasi parfaite des machines ont apporté une toute autre dimension au terme Cyber Metal et propulsé en avant plan l’ouverture d’esprit nécessaire à l’évolution de deux genres distincts et opposés l’un de l’autre qui autrefois se fuyaient comme la peste. J’ai plaisir à prendre en exemple des musiciens comme Samael qui osent redéfinir les standards et révolutionner le monde de la musique underground.
Le Folk Metal étant un genre à part entière, il ne fallu pas beaucoup de temps avant que j’apprivoise cette combinaison d’anciennes sonorités avec la puissance dévastatrice du Métal. Provenant de l’Allemagne, le « one man band » Falkenbach m’avait totalement conquis avec Heralding – The Fireblade en 2005. Axé sur les coutumes Vikings et la mythologie Germanique, Vratyas Vakyas est un barde des temps modernes qui nous raconte des histoires épiques sur un fond de Black Metal mélodique. L’ajout de claviers qui se rapprochent des instruments traditionnels nous plonge dans un univers lointain nous faisant rêver de batailles et d’une vie à l’opposé de celle d’aujourd’hui. Falkenbach a réussi à rendre le Folk épique très riche en sonorités et en atmosphères diverses.
Sachant maintenant que le Traditionnel et le Métal pouvaient être mélangés, je suis parti à la recherche d’autres entités oeuvrant dans cette branche païenne et ancestrale. Mon voyage numérique m’a conduit aux tréfonds de la Russie où se cachait une demoiselle et son groupe, prêts à envahir le monde du Métal à grand coups d’épées et de valeurs guerrières. Arkona avec sa louve enragée Masha a pris le monde du Folk Metal d’assaut et l’a conquis en très peu de temps grâce à son premier album Vozrozdhenie qui est devenu rapidement un classique du genre et un incontournable du Black Metal Païen. Du Folk à l’état pur et du Métal noir et froid hurlé a qui veut bien entendre que les Dieux, les légendes et les rites ancestraux sont de retour. Vu que j’ai toujours été attiré et fasciné par les coutumes médiévales et que tout ce qui peut écorcher les religions monothéistes m’interpellent, Arkona n’a pas eu trop de difficulté à me convaincre.
Étant un grand amateur de musique traditionnelle, je m’étais toujours imaginé quel pourrait être le mélange parfait en Traditionnel et Métal. J’avais toujours rêvé d’essayer de mélanger les deux, sans succès. Un jour de 2004, je suis tombé par hasard sur un groupe Finnois nommé Finntroll. En entendant Trollhammaren, j’ai immédiatement su que c’était ça que j’imaginais comme mélange. Le résultat est brutal, festif et très guerrier. Le groupe a préféré chanter en Suédois plutôt qu’en Finnois car le son du Suédois fait, parait-il, plus « Troll », les Trolls faisant partie de la culture et des légendes Scandinaves.
J’ai manqué les balbutiements et l’avènement du Black Metal originel ans les années 90 mais j’ai rapidement étudié et fait mes devoirs pour pallier à mon manque de culture en ce domaine. J’ai été étonné de constater que la Norvège était le point central de cette entité froide et malsaine et toutes les histoires d’églises brûlées, de meurtre et autres actes démesurés commis à cette époque me fascinaient. Certains groupuscules ne se contentaient pas de uniquement parler de Satan, ils le vénéraient pour vrai. L’attachement aux coutumes ancestrales et aux dieux païens ainsi qu’à la nature ne faisait que renforcer le côté mythique et ça m’a plu même si je ne partage pas toutes les actions et idéologies véhiculées par les groupes de l’époque. Une des formations Norvégiennes originelles avait capté mon attention grâce à son atmosphère planante, ses changements de tempo soudains et ses harmonies vocales. Arcturus avec ses claviers omniprésents sa froideur et ses sujets de prédilection, les planètes, le cosmique et l’espace avait réussi à capter toute mon attention et ainsi me faire réaliser que le Métal était devenu quelque chose de très sérieux où enfin les limites pouvaient être dépassées au lieu de rester confiné entre deux oeillères et de se fermer l’esprit.
Mon appréciation du Black Metal m’a fait comprendre l’ampleur de l’évolution du Métal que j’avais manqué au cours des années 90. La découverte de nombreux acteurs de cette scène spécifique issue en grande partie des pays scandinaves a eu une influence majeure sur ma musique en général. La prise de conscience que des éléments du Post Punk et du Gothic Rock étaient intégrés à du Métal puissant donnant ainsi une musique glaciale et mélancolique me plaisait énormément. Non seulement le Métal avait évolué mais les esprits s’étaient aussi ouverts en incorporant des sonorités et des instruments moins standard pour le Métal conventionnel. Le « one man band » Old Man’s Child m’a tout de suite accroché à la première écoute grâce à ses riffs géniaux et son atmosphère froide et sombre. Je constatais que ce que j’avais entendu depuis mon retour dans le Heavy, en l’occurrence le Hardcore et Metalcore étaient des styles sans saveur et dénués de consistance musicale. Avec le Black Métal, je retrouvais l’essence même des groupes pionniers comme Venom et Celtic Frost.
En 2001 j’avais acheté un CD compilation provenant du label Century Media dont le titre était Firestarter. La compilation proposait bon nombres de groupes Black Metal dont je n’avais jamais entendu parler. En fait, le Black Metal je ne savais même pas que ça existait croyant que seul un album de Venom portait cette mention comme titre. Un des membres de Rebearth qui jouait aussi dans une formation nommée Ending Hate performait un soir au Maquisart avec Anhkrehg et Malvery. Ce fut ma première rencontre avec cette musique froide et malsaine, musicalement je n’avais pas accorché à ces deux derniers groupes mais l’ambiance dégagée était assez spéciale. C’est en parcourant cette compilation que j’ai découvert Opeth. La pièce Nectar était la dernière du CD et semblait ne pas être à sa place dans la liste de groupes proposés. Je suis tombé sous le charme de cette pièce et je me suis aussitôt procuré l’album Blackwater Park. Je dois dire que cet album a complètement changé ma perception du Métal de cette époque et du Métal tout court. La puissance, la technicité et la musicalité de cet album m’avaient tant bouleversé que cet album est devenu un de mes préférés de toute l’histoire du Métal. J’ai compris à ce moment que non seulement le Métal n’était pas mort mais avait élargi ses tentacules et subi une mutation génétique incroyable.
Mon retour dans le Métal se faisait plus assez rapidement et mes découvertes allaient bon train, je choisissais ce qui me plaisait le plus en laissant faire le reste. L’album Character Assassination de Soulscar a été un point déterminant avec ses compositions plus intelligentes et plus techniques que ce que j’avais entendu dans la dernière année. Je reconnaissais des éléments issus des pionniers des années 80 avec une touche plus progressive et avant-gardiste ce qui me laissait penser que finalement le Métal avait évolué au fil des années 90 et n’était jamais vraiment disparu contrairement à ce des bien pensants disaient lorsque le grunge est apparu. Je me sentais rassuré en constatant que l’avenir du Métal était loin d’être Creed et Nickelback comme j’avais lu dans un article du très sérieux journal La Presse à l’époque… Il me restait donc à m’aventurer dans les tréfonds de l’obscurité et aller puiser directement à la source.
Tant qu’à revenir vers le Métal, aussi bien chercher plus profondément et utiliser les outils comme Internet pour faciliter les recherches. Les forums de discussion étaient chose courante et nombreux étaient les forums directement dédiés au Métal. L’Édition Métallique était le plus gros site web Métal au Québec à cette époque et son forum était fort achalandé ce qui m’a permis de découvrir un bon paquet de groupes en peu de temps pour faire ma ré-éducation. C’est en devenant chroniqueur pour le zine que j’ai découvert God Forbid et que j’ai pu enfin constater que le Métal était loin d’être mort. Avec ses sonorités Thrash Metal en version plus moderne, le groupe Américain m’a remis sur le droit chemin avec son album Determination, titre d’album assez véridique pour mon retour d’une dimension parallèle. 2001 fut également l’année des changements dans Rebearth: Je reprenais mon instrument principal, la basse et un changement de batteur et de guitariste s’est avéré fort nécessaire pour bâtir ce qui allait devenir quelques mois plus tard Lapse of Memory. Le Métal était revenu pour de bon.
Mon retour dans le monde de la musique Heavy se faisait tranquillement en analysant ce qui s’offrait à moi selon diverses suggestions provenant de mes camarades de band. J’avais toujours la sensation qu’il manquait un élément important, comme si les groupes que je découvrais manquaient tous de puissance et de flamboyance. J’avais certes découvert Korn quelques temps auparavant et j’avais apprécié quelques pièces mais pas suffisamment pour avoir un coup de coeur. C’est la pièce Chop Suey de System of a Down qui m’a enfin permis de regagner un peu d’espoir avec la musique Heavy intelligente. Avec son mélange de Métal comme dans le temps et ses riffs incendiaires, sa tendance et ses sonorités alternatives, ses harmonies vocales géniales et ses arrangements presque parfaits, SOAD m’a redonné le goût de creuser plus loin puisque le groupe affirmait publiquement que ses principaux héros étaient Slayer. Grâce à la magie de l’Internet j’ai réalisé que le Métal n’était pas mort du tout et que je cherchais dans la mauvaise branche de la musique dite Heavy.
J’avais réalisé tout d’un coup que j,avais pas mal de chemin à rattraper car en 10 il s’en passe des choses et j,avais l’impression que le monde de la musique Heavy avait changé radicalement durant ces 10 années. J’étais inondé de nouveaux groupes à découvrir et grâce aux défunts Mp3.com et Napster, j’ai pu me remettre tranquillement à jour. Bien que mes nouveaux amis faisaient des efforts pour me fournir en musique, j’étais un peu découragé de voir ce que c’était devenu. Le Nu Metal avait fait son apparition et le Hardcore semblait prendre toute la place me laissant redouter le pire et penser que le vrai Métal était réellement mort. J’ai quand même accroché sur certains groupes comme Vision of Disorder. Je reconnaissais certains éléments du Métal avec une touche de Hardcore de l’époque ainsi qu’un soupçon d’Alternatif. J’ai bien aimé VoD, le groupe m’a vraisemblablement influencé mais j’avais toujours la sensation d’avoir perdu quelque chose comme si le Métal était devenu mou et avait perdu sa furie et sa puissance.
Au tournant des années 2000 j’ai fais la connaissance de jeunes individus qui étaient musiciens et jouaient dans des groupes locaux. Ayant perdu de vue ce qui se passait du côté underground durant une décennie, ces garnements m’ont fait subir d’innombrables écoutes de divers groupes issus, disaient-ils, du mouvement Hardcore. Je trouvais que leur Hardcore avait évolué d’une façon très métallisée et mon goût pour la musique hors normes s’est mise à revenir assez rapidement au point où à la fin de l’année 2000 je me retrouvais guitariste dans une formation nommée Rebearth avec les chenapans rencontrés plus tôt dans l’année. Une des formations qui avait retenu mon attention était One King Down. Certes, ce n’était pas le métal auquel j,avais été habitué dans les années 80 mais j’aimais bien les riffs de guitare et le côté bruyant de ce groupe. Je pourrais dire que One King Down m’a influencé à sa manière mais je crois que c’est plus le contexte et mes nouveaux amis qui ont plus mis l’emphase sur cette nouvelle influence. en revenant dans l’arène avec ma guitare, je me replongeais 10 ans plus tôt et ça faisait du bien!
Les plus vieux d’entre vous se rappellent peut-être une jeune starlette Canadienne avec une tignasse gonflée et un succès dance pop ayant pour titre « Too Hot » au début des années 90. Qui à cette époque aurait cru que cette Alanis allait nous lancer en plein visage un rock Alternatif puissant et intelligent en 1995? Jagged Little Pill était destiné à des ventes moyennes suffisantes pour financer un autre album mais il en fut tout autrement. J’ai découvert cet album 2 ans après sa sortie et je suis tombé sur le cul en entendant la voix unique et chaude de la nouvelle Alanis Morrissette. C’est en parolière et compositrice accomplie que cette petite dame nous est revenue avec une fureur et un cri tel un ouragan prêt à dévaster la planète entière. J’ai eu bien du plaisir à jouer ses chansons avec ma conjointe de l’époque, l’influence étant toujours présente aujourd’hui.
Le groupe Québécois des années 90 qui m’a le plus accroché et influencé est sans contredit Les Frères à Ch’val. Avec ses influences Punk, Metal, Folk ou encore Country, le groupe a apporté un vent de fraîcheur avec des pi`ces énergiques, des harmonies vocales de haut niveau et une dextérité instrumentale à couper le souffle. Les deux premiers albums sont des chefs d’oeuvres du rock Québécois et le succès de ceux-ci a été relativement impressionnant pour le style musical proposé.
L’arrivée des Colocs dans le paysage sonore Québécois a créé de vifs remous et a ébranlé la structure même de l’industrie du disque au Québec. Naviguant sur de multiples styles musicaux sur des textes profonds, Les Colocs ont littéralement fait revivre la fièvre des grands groupe qui sévissait dans les années 70. Le premier album éponyme m’a influencé quand même beaucoup au point de vue instrumentation et arrangements mais aussi au niveau orientation de groupe pour arriver à bannir les compromis avec l’establishment populaire contrôlant. Fait intéressant, Dédé Fortin avait réalisé en 1984 le vidéoclip de la pièce Voïvod, pensant que le groupe du même nom venait de l’étranger alors que les deux étaient de la même ville… Plusieurs musiciens connus sont passés par Les Colocs dont Mononc Serge, Mara Tremblay et Marc Déry.
Sans avoir été d’une très grande influence, il demeure que l’album Les insomniaques s’amusent de Daniel Bélanger a eu un certain impact sur mon cheminement musical. Avec sa poésie intelligente et sa musique planante, Bélanger a su prouver qu’il était un excellent compositeur et parolier et a en quelque sorte bousculé l’univers de la chanson Québécoise en offrant une musique intéressante et riche en sonorités. Sa carrière a été basée sur ses idées sans compromis envers l’industrie et c’est pourquoi il mérite notre respect en tant que véritable artiste qui a fait évoluer la culture Québécoise au lieu de tenter de l’enterrer comme bon nombre d’épouvantables et pathétiques chanteurs et chanteuses de la supposée « relève » Québécoise.
Comme j’expliquais dans un récent texte, moi et la musique Québécoise font deux. Au début des années 90 nous avons eu une mince lueur d’espoir avec quelques artistes qui ont réussi à se maintenir la tête hors du flot des quétaineries sirupeuses qui sévissait depuis le début des années 80. Les prochains jours seront consacrés à certains de ces artistes qui m’ont accroché et influencé d’une manière ou d’une autre et qui m’ont redonné le goût de croire que la culture Québécoise n’était pas vraiment morte. Avec ses textes profonds et sa poésie crue faisant réfléchir le tout sur une musique tantôt Jazz, tantôt classique avec des relents de Country et de Rock and Roll, Richard Desjardins est apparu dans le décor médiatique comme un cheveu sur la soupe et sans trop comprendre pourquoi, il a réussi à prendre beaucoup de gens par surprise.
Aux alentours de 1993, j’ai redécouvert un groupe de ma jeunesse qui allait devenir mon préféré à vie. J’ai consacré une grande partie de cette décennie exclusivement aux Beatles à peu de choses près, je suis devenu collectionneur, devenu membre du RQAB, allé à des conventions, décortiqué chaque son de chaque chanson et en connaître l’histoire par coeur. Lors de l’émission Tous pour un qui portait sur les Beatles, je me suis surpris à réussir toutes les questions mais trouver faciles bon nombre d’entre elles. L’influence des Fab Four sur moi est énorme et indéniable, le quatuor est selon moi le plus formidable groupe de toute l’histoire du Rock. Pour ma part, reprendre une chanson des Beatles est un sacrilège et peu d’artistes ont réussi à rendre pleinement justice aux pièces reprises. J’ai eu droit à de grosses surprises à la sortie de l’anthologie dont deux nouvelles pièces mais aussi bon nombre de pièces enregistrées à l’époque qui n’ont jamais vu le jour sur un disque. Encore aujourd’hui quand il s’agit de discuter Beatles, vous avez intérêt à connaître le sujet avant d’en débattre.
Ma passion pour l’histoire et la musique traditionnelle a mis une grande dame sur ma route au début des années 90. Ma rencontre avec sa voix chaude et puissante, ses textes historiques et avouons-le, épiques ainsi que la musicalité incroyable de ses compositions ont fait de Loreena McKennitt une des artistes se hissant au sommet de ma liste des grands musiciens de ce monde. Loreena McKennitt s’imprègne de la culture Celtique en voyageant et faisant des recherches dans des pays comme l’Irlande ou l’Espagne avant de composer un album et cette culture transparait dans sa musique donnant l’impression d’un retour dans le passé. Ses albums sont un véritable cours d’histoire, on pourrait qualifier cette grande dame de barde moderne aux allures de la Dame du Lac.
Lorsque le Grunge est apparu au tournant des années 90, j’étais perplexe face à ce nouveau genre musical. Certaines sonorités de groupes tels Soundgarden, Alice in Chains, Stone Temple Pilots et Pearl Jam étaient intéressantes mais pas suffisamment pour m’accrocher à un niveau élevé. Mais quand j’ai vu le clip de Smells Like Teen Spirit de Nirvana je suis tombé sur le derrière et je me suis dis qu’on tenait quelque chose de solide. En creusant dans le passé de Nirvana, j’ai tout de suite été ébranlé par ce son cru rappelant certains éléments de Black Sabbath, Sonic Youth, Big Black et Pixies. Je ne voyais pas un groupe de Grunge mais bien la suite logique et l’évolution de la musique Alternative et du Punk avec une pincée de Métal en fusion.
Rares sont les artistes Québécois qui m’ont accroché, du moins les artistes qui sont sur la sellette et en avant plan. J’ai toujours trouvé que la culture musicale d’ici était très pauvre et sans réelle imagination suivant tous le même chemin proposé par l’ADISQ et autres hypocrisies de même acabit. Certes, les Beau Dommage, Offenbach, Corbeau, Octobre et les nombreux groupes progressifs des années 70 étaient là, une chance, mais il aura fallu attendre le début des années 90 pour voir apparaître une icône du rock Québécois avec son irrévérence, ses textes intelligents et surtout une musique qui Rock vraiment. Avec ses Doc Martens, ses influences punk et son attitude de Rockstar dévergondée, Jean Leloup a réussi à ramener le Rock and Roll en avant plan, faisant un doigt d’honneur à tous ces pseudos artistes se pavanant devant les matantes pour vendre leur musique insipide. Moi, je l’aime Jean Leloup et il a été une grande influence pour ma musique.
Lorsque j’étais jeune le Jazz faisait partie de l’univers sonore général à la maison. J’ai donc grandi avec les Wynton Marsalis, Miles Davis, Dave Brubeck, Oscar Peterson et j’en passe. Sans vraiment le vouloir ou y penser, le Jazz fait réellement partie de mes influences musicales et se reflète vraisemblablement dans mes compositions ici et là. Je dois donc dire merci à mes parents pour m’avoir inculqué cette culture musicale qui m’a amené à cheminer vers des musiques moins standard et selon moi plus intelligentes et pleines de contenu riche en sonorités.
Au début des années 90 j’ai fais connaissance avec un groupe Américain très avant-gardiste qui utilisait l’art avec un grand A sous toutes ses coutures pour produire plus de soixante albums en carrière. Formé en 1969, The Residents a commencé à expérimenter avec des rubans à bobines et divers instruments et ainsi créer une musique unique qui démolissait les standards musicaux de l’époque tout en focusant sur l’art avec leurs costumes, leurs pochettes d’albums et autres imageries utilisées dans un concept global qui rendait les membres du groupe anonymes.
Le Hardcore pur d’origine avec sa férocité et ses engagements politiques et sociaux a, selon moi, bien mal évolué au cours des décennies qui ont suivi diluant le genre et le plongeant dans la violence gratuite un peu à la manière du Hip Hop. Des groupes comme Dayglo Abortions ont lutté et travaillé fort pour garder le genre intègre et loin des modes en frappant là où ça faisait vraiment mal s’attirant plus souvent qu’à leur tour les foudres des hautes sphères gouvernementales. Le groupe était dérangeant et cette mission à été un succès sur toute la ligne. L’album Feed us a Fetus montrant Ronald et Nancy Reagan devant une assiette dans lequel était couché un fœtus a fait couler beaucoup d’encre et chacune des 22 pièces composant cet album était criant de vérité. Encore aujourd’hui, cet album est toujours d’actualité et nous fais prendre conscience que la population préfère jouer à l’autruche et se laisser manger la laine sur le dos par ses dirigeants plutôt que de dénoncer et agir…
Le Punk a évolué et migré vers de nombreux sous-genres forts variés depuis sa création au milieu des années 70. New Wave, Gothic Rock, Post Punk ou encore Rock Alternatif sont les principales sous branches. Le Punk a aussi migré vers une branche beaucoup plus dure, rapide et abrasive qui est devenue le Hardcore. Formée en 1979, la formation Américaine Hüsker Dü a été dans les premières à faire du Punk plus corrosif et inclure des paroles beaucoup plus politiques mais la formation ne s’est pas contentée de stagner dans le Hardcore proprement dit puisque ses musiciens ont continué à ne pas renier leurs influences Classic Rock et ont intégré de la mélodie dans leurs compositions flirtant parfois avec le Rock Alternatif et le Post Punk. Hüsker Dü a largement contribué à faire évoluer le style en influençant directement des groupes comme Pixies et Nirvana.
La plus forte concentration de musique Alternative a toujours été originaire de l’Europe, spécialement de l’Angleterre. Les États-Unis ont été plus lents à adopter cette grande famille musicale mais ont tout de même été le bassin de plusieurs groupes influents. Formé au milieu des années 80, la formation de Boston Pixies a été pionnière d’un nouveau son qui mélangeait le Surf Rock des 60’s, le Hard Rock et le Noise Rock pour éventuellement influencer des groupes comme Nirvana, Radiohead, Blur ou encore Weezer. Pixies a frappé fort avec les albums Surfer Rosa et Doolittle se dotant d’une notoriété certes modeste mais mondialement connue. En composant une musique unique et non standard, Black Francis et sa bande ont ouvert la voie à de nouveaux horizons rendant une facette de la musique underground plus accessible à un plus large public et ainsi ouvrir une brèche dans le mainstream pour permettre à des groupes désormais notoires de s’y installer confortablement.
Les mélanges de styles, les sonorités mécaniques, les textes revendicateurs et la non conformité face au mainstream ont toujours été des valeurs qui m’attiraient et que je prône encore aujourd’hui en tant que musicien et compositeur. La formation Américaine Big Black réunissait ces valeurs et j’ai immédiatement embarqué dans la musique et les textes de Steve Albini. Utilisant des guitares agressives et tranchantes, une batterie électronique martelante et puissante et n’ayant pas peur d’utiliser des effets sur la voix, Big Black a été un précurseur du rock Industriel gardant toujours en tête d’avoir le contrôle sur sa carrière, sa musique et sa création artistique évitant soigneusement les labels majeurs afin de ne pas tomber dans le piège commercial comme bon nombre de groupes à cette époque. Steve Albini est devenu producteur par la suite réalisant notamment le albums Surfer Rosa de Pixies et In Utero de Nirvana. L’attitude et la voix laissée par Big Black est un modèle à suivre pour demeurer intègre et fidèle à la notion même de la musique underground.