Candlemass – Tales of Creation – 1989

On doit la création du Heavy Metal à Black Sabbath bien sûr mais aussi on doit au groupe de Birmingham la création du Doom Metal. Dans les années 80, ce style qui prône la lenteur est apparu en hommage au père du Métal mais est rapidement devenu une entité propre dans laquelle les acteurs majeurs du Doom pur et dur on fait la pluie et le beau temps pour faire évoluer le genre. Je parlais de perfection musicale avec King Diamond dans un texte précédent, Candlemass entre dans la même veine car le groupe avait réussi à cumuler un quatrième album parfait de suite avec des riffs qui semblent simples mais qui sont excessivement efficaces. Réussir à faire sonner un album avec le minimum relève de l’exploit mais en faire sonner quatre l’un après l’autre devient carrément de la sorcellerie. Le Doom Metal Épique est définitivement une invention de Candlemass et avec Tales of Creation, le groupe Suédois est définitivement devenu le maître incontesté du Doom. La survie du Métal allait aussi passer par la lenteur et le majestueux et Candlemass allait participer à ce sauvetage in extremis.

Coroner – No More Color – 1989

Vers la fin des années 80, le Métal en généal. était en train de changer radicalement pour le meilleur et pour le pire. Nous sentions qui si les groupes ne migraient pas vers quelque chose de plus extrême et de plus obscur, c’en serait terminé tout court car le Hair Metal commençait à s’effriter, ce qui était une bonne chose, mais le Grunge à en devenir allait brouiller bien des cartes et mener la vie dure Au Métal en général. Avec son troisième album No More Color, Coroner poussait le bouchon plus loin avec une technicité exemplaire, le Thrash Metal n,avait pas encore été si loin dans les riffs complexes et intelligents avec des structures musicales changeantes et de tempos autres que du simple 4/4. Le Technical Metal allait devenir une certaine forme de rébellion face à la simplicité qui allait devenir la norme chez les groupes « mainstream ». Pour survivre, il fallait oublier la célébrité et se concentrer sur la musique elle-même et de la pousser le plus loin possible. No More Color a permis au Métal de se faire une carapace, d’explorer de nouvelles avenues quitte à demeure « underground » pour le restant de son existence et ainsi refaçonner ce qui avait déjà été fait. Les années 90 allaient être une décennie difficile pour ceux qui voulaient devenir « big » mais deviendra par le fait même une décennie de tous les changements et à l’explosion du Métal extrême et très « underground ».

King Diamond – Conspiracy – 1989

Vers la fin des années 80, était-il possible pour un artiste Métal d’enligner chef d’œuvre par-dessus chef d’œuvre? Il semble bien que oui puisque King Diamond après avoir sorti deux incroyables albums avec Mercyful Fate, lançait en 1989 un quatrième album incroyable qui suivait trois précédents albums tout aussi incroyables. Il faut dire que le guitariste Andy La Rocque y était pour beaucoup avec des riffs extraordinaires mais le King était passé un maître de l’ambiance glauque et son mélange de styles passant du Classique au Progressif tout en incluant des éléments de claviers issus de films d’horreur rendait les compositions encore plus spectaculaires. Je n’ai jamais compris pourquoi King Diamond est toujours demeuré « underdog » car avec tout ce talent musical et ces idées complètement éclatées, il aurait pu devenir un des grands du monde Métallique. Attendez, King Diamond est l’un des plus grands du monde Métallique! Il a su demeurer intègre tout au long de sa carrière sans allouer quelque compromis que ce soit. C’est avec des albums comme Conspiracy que l’on constate que King Diamond est un véritable artiste dans tous les sens du terme, se foutant carrément de devenir « célèbre » et misant tout sur la qualité musicale au détriment du paraître et de vouloir plaire au plus grand nombre. La musique de King Diamond c’est en fait de la musique Classique en mode électrique et le King peut aisément être placé aux côtés de très grands compositeurs. Conspiracy est un autre album très influent pour la suite de cette belle Évolution Métallique!

Testament – Practice What You Preach – 1989

Avec le nombre grandissant de groupes provenant de la Bay Area et la soif de ceux-ci à se tailler une place au sommet de la grande famille Métallique, il était prévisible de constater que certains tenteraient de devenir plus gros que le bœuf et par le fait même implanter une certaine rivalité à savoir qui atteindrait le sommet en premier. Metallica avait changé la donne avec …And Justice for All donnant ainsi l’occasion à ses rivaux de tenter de renverser le plus grand groupe de cette région à ce jour. Le troisième album de Testament était une réponse directe à Metallica et malgré d’excellentes idées et de très bonnes chansons, il fallait se rendre à l’évidence que Practice What You Preach était une copie confirme de Metallica, en un peu plus technique. Le titre de l’album était assez clair : Testament pratiquait ce que Metallica leur avait enseigné. Est-ce que ce troisième album fut influent? Bien sûr car Testament a pris le meilleur de Metallica pour le monter à un autre niveau, ce que Metallica n’a pas réussi à faire lui-même par la suite. Donc, Testament avait pris le Thrash Metal sur ses épaules et ainsi perpétuer les enseignements Métalliques. Était-ce un défaut? Pas vraiment car le groupe a réussi à faire mieux que son professeur et l’a complètement éclipsé musicalement parlant. Practice What You Preach est un essentiel du Thrash Metal en tout points et mérite amplement sa place dans l’Évolution Métallique.

Kreator – Extreme Aggression – 1989

Extreme Aggression, cinquième album de Kreator, fut en quelque sorte la quintessence du groupe et fort possiblement son album le plus accompli en tout points. Le niveau technique des compositions était devenu incroyablement élevé et l’agressivité des pièces était telle que l’on pourrait considérer cet album comme étant aussi influent que le Reign in Blood de Slayer. Le Thrash Metal évoluait lui aussi en devenant de plus en plus complexe et Kreator en fut sans nul doute un des instigateurs de cette évolution. Un fossé séparait le premier album de groupe avec Extreme Aggression tant au niveau production qu’au niveau interprétation : Ventor était devenu une solide machine rythmique réglée comme une horloge et Mille Petrozza maîtrisait son jeu de guitare et son vocal comme un professionnel. Mais, était-ce vraiment l’ultime effort de Kreator? Possiblement pas et c’est ce que nous verrons avec l’album suivant. Kreator n’avait pas encore dit son dernier mot!

Obituary – Slowly We Rot – 1989

L’Évolution Métallique selon Sinistros #237
Obituary – Slowly We Rot – 1989
États-Unis

Alors que le Trash Metal provenait en grande partie de la Bay Area de San Francisco en Californie, le bastion Death Metal quant à lui provenait de la Floride où de nombreux pionniers du genre ont vu le jour et façonné chacun à sa minière le Death Metal que l’on connait aujourd’hui. Le premier album de Obituary se classe au sommet des albums pionniers et le groupe a contribué à modeler ce nouveau genre de Métal extrême à grands coups de riffs gras. Slowly we Rot avait été une bombe incendiaire dévastatrice à l’époque avec ses changements de tempo changeants, passant de très lent à rapide en quatre mesures tout en incorporant des vocaux gutturaux sortis tout droit d’un film d’horreur. Quand on parle maintenant de Death Metal pur et dur, un des premiers noms qui nous vient en tête est évidement Obituary. Vers la fin des années 80, les producteurs commençaient à être habitués à enregistrer des groupes plus extrêmes que le standard Heavy Metal si bien que pour un premier album, Slowly we Rot jouissait d’une excellente production ce qui contribuait grandement à rendre les pièces encore plus puissantes. Le double « bass drum » était devenu un incontournable, les musiciens devenaient de plus en plus rapides, ingénieux et techniques et ce n’était que le début vers une grande épopée Métallique. Le Death Métal était maintenant enraciné solidement mais il aurait à se battre un peu plus tard contre son pire ennemi : Le Grunge…

Sodom – Agent Orange – 1989

Plusieurs diront de Agent Orange que c’est un album surévalué. Je me suis toujours demandé pourquoi. Pourtant, sur son troisième album, Sodom avait mis les bouchées double tant au niveau des compositions qu’au niveau de la production et lorsqu’on écoute cet album d’un bout à l’autre, on retrouve bel et bien un album de pur Thrash originel bien exécuté et enlevant! Tom Angelripper y était allé de ses riffs les plus puissants et les mieux construits depuis les débuts du groupe et la machine de guerre rythmique était très bien huilée. Comment se fait-il alors que cet album fut affublé de cette mention de surévaluation? Serait-il possible que le grunge qui s’en venait soit responsable de cette calomnie? Est-ce que les purs fans de Métal extrême étaient en train de se ramollir la cervelle? Quoiqu’il en soit et malgré ce que les détracteurs en pensent, cet album est un des meilleurs albums de Trhash de tout les temps et un album extrêmement influent pour ce qui allait s’en venir. On doit la survie du Métal dans les années 90 grâce à des albums de ce genre. Mettez-ça dans votre pipe et que les détracteurs aillent se ressourcer à même l’histoire du Métal!

Morbid Angel – Altars of Madness – 1989

1989 fut marquée par d’étonnants changements dans le monde métallique. Alors que le Heavy Metal était en train de disparaître au profit des nouveaux venus Grunge, le côté extrême du Métal était quant à lui en pleine explosion et devenait de plus en plus obscur et éloigné des standards du « mainstream ». Le premier album de Morbid Angel fut un point clé pour ce changement drastique en devenant l’un des pionniers sacrés du Death Metal. Avec ses structures complexes et ses riffs tout aussi compliqués et ravageurs, Altars of Madness avait poussé l’extrémité du Métal à un autre niveau plongeant ainsi le monde Métallique dans des profondeurs musicales jusqu’ici inégalées. Le jeu de guitare incroyable de Trey Azagthoth a tout simplement redéfini le Métal et sa façon de le composer et a servi de point zéro pour tout ce qui allait suivre. La technicité du Métal venait de monter encore plus loin et l’univers Métallique venait de changer de cap pour tenter de survivre à cette invasion musicale qui allait devenir le Grunge.

Accept – Eat the Heat – 1989

Après avoir congédié Udo, les membres restants de Accept ont pris la stupide décision de vouloir conquérir le marché Américain et du même coup d’engager un « nobody » Américain en guise de chanteur. Le résultat désastreux fut Eat the Heat, un album sans aucune inspiration qui sonnait le réchauffé simili Heavy Metal générique Américain avec des titres comme Prisoner qui auraient pu aisément faire partie d’une trame sonore d’un film des années 80 comme Flashdance ou autre connerie cinématographie du genre. A tournée qui s’en suivi fut quant à elle encore plus désastreuse que l’album lui-même car le « nobody » David Reece se prenait pour une diva et son abus de substances diverses et d’alcool ont tôt fait de provoquer des tensions au sein du groupe jusqu’à l’éclatement d’une bagarre avec Peter Baltes. Suite à cet incident, Wolf Hoffmann laissa tomber l’éponge et c’en fut terminé avec Accept. Morale de cette histoire : Quand tu as une recette gagnante et un groupe solide, ne jamais flancher pour l’appât du gain. Rester intègre est et sera toujours la meilleure solution pour n’importe quel groupe malgré vents et marées. Eat the Heat est un album à oublier dans la discographie de Accept et dans l’histoire Métallique tout court.

DBC – Universe – 1989

Avec son deuxième et dernier album, la formation Montréalaise DBC poussait encore plus loin sa technicité et son ascension vers le cosmos. Cet album était ambitieux et fort différent de ce qui se faisait en matière de Métal à cette époque. Avec des structures beaucoup plus complexes que sur son précédent album, DBC gardait toujours en tête de faire un beau mélange de Thrash, de Crossover et de musique plus cérébrale avec ses riffs incroyablement bien ficelés et ultra techniques. M^me si la carrière du groupe fut de très courte durée, il est important de mentionner que son influence fut de taille au niveau mondial, le groupe a tout simplement ouvert la voie à d’autres entités en leur montrant comment faire du étal intelligent en puisant ses idées dans d’autres styles musicaux comme le Classique, le Jazz ou encore le Progressif. Cette influence allait aussi aider à créer de nouveaux sous genres métalliques plus complexes comme le Technical Death Metal plus tard. Universe est un petit joyaux du Métal Canadien qu’il faut absolument avoir en sa possession et ainsi en comprendre d’avantage sur les origines du Métal Ultra Technique.

Annihilator – Alice in Hell – 1989

Alice in Hell est le tout premier album du groupe d’Ottawa Annihilator. Annihilator a souvent été considéré comme faisant partie du « Big 4 » Canadien avec Voïvod, Exciter et Razor même si le terme « Big 4 » est en fait une pure « bullshit ». Mais ceci est une toute autre histoire. Alice in Hell fait partie de ces albums qui ont grandement influencé le Métal en général avec ses structures complexes et ses riffs incroyables mais ce qui retenait le plus l’attention, c’était la dextérité exemplaire de Jeff Waters sur son instrument et son extraordinaire capacité à composer et pondre des chefs d’œuvres. L’Intro Crystal Ann part le bal avec des guitares classiques brillamment jouées et le reste de l’album se poursuit avec les guitares complexes fortement influencées par la musique classique le tout bien imprégné de pur Thrash Metal original, rapide et agressif. Si vous ne connaissez pas encore ce petit bijou, hâtez-vous car cet album est un impératif pour comprendre non seulement l’Évolution Métallique Canadienne mais également à l’International. Un incroyable album qui nous tient en haleine d’un bout à l’autre!

Blind Guardian – Follow the Blind – 1989

En cette fin de décennie, le Speed Metal avait pratiquement été éradiqué et effacé de la surface du globe. Mais avant de tomber dans le Thrash ou le Power Metal, quelques irréductibles guerriers de la première garde résistait toujours et tentaient tant bine que mal de perpétuer cette flamme. Avec son deuxième album, Follow the Blind, Blind Guardian continuait sur sa lancée et gardait intact le Speed Metal avec ses pièces rapides et ses riffs aiguisés comme un rasoir. Toutefois, on sentait que le groupe allait prendre un tournant tôt ou tard vers le Power Metal et ça se ressentait au niveau vocal et au niveau des structures musicales qui se voulaient un peu plus épiques et chevaleresques. La transition était imminente et Blind Guardian allait devenir l’un des principaux acteurs influents du Power Metal valeureux. Si vous ne connaissiez pas les premiers efforts du groupe, allez jeter une oreille ou deux, vous aurez droit à tout un pan de l’histoire Métallique qui déferlera dans vos Tympans.

Kanonenfieber – Menschenmühle – 2021

Est-ce que c’est toujours possible en 2021 de faire du Death Metal bien ficelé qui sort du lot? Dans tout ce flot de groupes qui sonnent tous pareils, y a-t-il encore de la place pour de la fraîcheur et de la nouveauté? Et bien, il semblerait que oui car la toute nouvelle formation Allemande Kanonenfieber nous sort un premier album qui décape et qui perpétue la flamme du Black/Death Metal avec conviction et originalité.

Kanonenfieber utilise un sujet maintes fois visité mais qui décape toujours autant : La première guerre mondiale. Pour agrémenter le sujet, le groupe utilise des enregistrements de discours d’Allemands influents de l’époque ce qui nous met en contexte. Musicalement parlant, le groupe ne réinvente pas la roue mais s’approprie des sonorités et des ambiances empruntées à d’autres groupes du genre pour les mettre à sa propre sauce et ainsi se forger une identité propre à lui-même. L’exécution et l’instrumentation sont à la hauteur de ce qu’on attend d’un groupe de cette trempe : Kanonenfieber devrait se forger une solide réputation dans un avenir rapproché.

Pour ceux qui aiment le Death Metal noirci avec beaucoup de mordant, Kanonenfieber et son premier album Menschenmühle est à ajouter à sa collection sans plus tarder! Ce groupe sera définitivement à surveiller de près pour ses prochaines sorties.

Composition : 9
Exécution : 9
Arrangements : 8,5
Production : 9
Appréciation : 9

Dream Theater – When Dream and Day Unite – 1989

Le mélange de Rock Progressif et de Métal, mieux connu sous l’appellation Progressive Metal, a commencé à germer dès le début des années 80. Les pionniers Queensrÿche, Fates Warning et Voïvod ont été en quelque sorte les instigateurs de cette nouvelle branche métallique mais l’explosion du genre est sans nul doute dû au premier album de la formation Américaine Dream Theater. Le groupe s’inspirait directement des groupes Prog Rock des années 70 avec ses structures complexes et ses envolées musicales à couper le souffle en y incorporant des influences allant du Heavy Metal pur et simple au Thrash Metal rapide ce qui aboutissait à un parfait mariage entre les deux mondes réussissant du même coup à attirer les Proggeux originels vers une musique plus « Heavy » mais en attirant également les Métalleux vers une musique plus complexe et aussi plus intelligente. Dream Theater avait réussi à ouvrir les esprits des uns et des autres et dès lors, un monde de possibilités allait s’ouvrir tant pour les générations futures de groupes de Prog que pour les groupes de Métal. Ce premier album fut le seul et unique avec Charlie Dominici à la voix, il sera remplacé par James Labrie pour le deuxième album du groupe. Ce premier album est sans contredit une influence majeure pour le Prog Metal et un incontournable du genre.

Sepultura – Beneath the Remains – 1989

Avec Beneath the Remains, Sepultura montait en maturité et surtout en musicalité. Andreas Kisser prenait de plus en plus de place forgeant ainsi le son du groupe qui le conduirait vers les sommets du Thrash mondial. Les compositions étaient beaucoup plus techniques, le groupe explorait de nouvelles avenues avec des structures et des riffs complexes et des changements de tempo soudains prouvant que le groupe Brésilien était de calibre International et que ses membres n’étaient plus les ti-culs insouciants qui portaient fièrement le swastika en guise de rébellion. Ce troisième album pourrait être considéré comme étant le meilleur album du Métal Brésilien et fort possiblement le « Reign in Blood » de Sepultura et son influence fut telle qu’il a permis à d’autres groupes de voir le jour par la suite. Un chef d’œuvre du Thrash Metal qu’il faut s’empresser d’aller écouter!

Doro – Force Majeure – 1989

Ce qui devait être le cinquième album de Warlock en 1989 s’est soudainement transformé en album solo pour Doro Pesch marquant ainsi un gros tournant dans la carrière de celle-ci. Warlock avait connu des cahgements drastiques au sein de la formation et la chicane s’était installée au sujet de qui garderait le nom du groupe. Le premier album de Doro est-il suffisamment influent pour que sa place soit bien assurée dans l’Évolution Métallique? Oui et non. La raison pour laquelle il se retrouve dans la liste n’est pas uniquement pour des raisons musicales mais surtout pour une question de la place qu’avaient les femmes dans le Métal à cette époque. Doro est le symbole féminin qui a montré la voie aux femmes et ainsi aidé à faire accepter leur présence dans ce monde d’hommes parfois macho et misogyne. Doro est devenue une icône non seulement en Allemagne mais aussi à l’International suite à ce premier album. Musicalement parlant, Force majeure était du Warlock un peu plus mou mais assez solide au niveau des compositions pour permettre à la demoiselle de se tailler une grosse place sur le marché Métallique et ainsi tenir tête à de nombreux détracteurs. Un premier album réussi contenant de bonnes idées et de bons riffs qui vaut tout de même la peine plusieurs écoutes!

Exodus – Fabulous Disaster – 1989

Le troisième album de Exodus ne fut pas accueilli favorablement par l’unanimité. Le groupe avait pris un nouveau tournant musical un peu plus farfelu et le côté agressif s’était soudainement éclipsé. Le fun et la joie de vivre avaient remplacé le pas gentil et la violence ce qui avait valu au groupe une sévère critique de la part de nombreux fans. Anthrax avait déjà fait ce changement quelques années auparavant et il était maintenant clair que le Thrash Metal était entrain de changer pour devenir un peu plus clownesque. Était-ce si grave après tout? Est-ce que voir la vie tout en noir et parler de Satan étaient les seules règles à suivre pour un groupe Métal? Bien sûr que non! Les groupes de Crossover étaient déjà des clowns politisés alors pourquoi pas le Thrash Metal? Fabulous Disaster était loin d’être un désastre, au contraire, il penchait beaucoup plus sur le côté fabuleux avec ses riffs toxiques et accrocheurs et sa fougue qui nous donnait envie de bouger et de faire le party. Exodus avait réussi là où plusieurs bands avaient échouer : Réunir les fans et les inciter à s’amuser. Que demander de plus? Le Thrash s’est soudainement transformé et a muté vers quelque chose de plus joyeux.

U.D.O. – Mean Machine – 1989

Alors que l’avenir de Accept était encore incertain suite au départ de Udo en 1987, la carrière solo de celui-ci semblait aller bon train et son deuxième album était là pour le prouver. Bien que Udo ne réinventait pas vraiment la roue, il continuait tout de même sur la même voie et perpétuait l’héritage laissé par Accept avec un Heavy Metal solide et intelligent. Mean Machine était la suite logique de Animal House mais cette fois-ci, plus aucune trace des membres de Accept : Udo volait maintenant de ses propres ailes et le résultat fut percutant. Cet album marquait l’arrivée de Stefan Schwarzmann à la batterie qui sera aussi connu plus tard pour être le batteur de… Accept! Ce deuxième album contenait des riffs de pur Heavy Metal, parfois à la limite du Speed Metal et son influence fut quand-même suffisamment respectable pour permettre à Udo de demeurer l’icône du Heavy Metal Allemand qu’il était devenu. Un excellent album qui n’a aucunement vieilli et qui mérite une écoute sérieuse!

Sadus – Illusions – 1988

Également appelé Chemical Exposure, le premier album de Sadus, Illusions, avait frappé le monde métallique de plein fouet à sa sortie redéfinissant ainsi la façon de faire les choses et en poussant plus loin le côté technique de ce qui allait devenir le Death Metal. Certes, Sadus n’a pas eu le même « standing » que certains groupes de son époque possiblement dû au fait que la musique du groupe était tellement en avance sur son temps qu’elle en devenait déroutante et inaccessible pour le commun de Métalleux de l’époque. Mais, il est force de constater avec le recul que ce premier album a eu un impact majeur sur le développement du Death Metal et sur l’engouement des futurs musiciens à se surpasser au niveau technique et ainsi expérimenter pour mener le Métal vers d’autres paliers de l’évolution. Avec ses structures complexes et ses riffs incroyables, Sadus est rapidement devenu une icône du genre et tout comme Death, un des principaux acteurs et pionniers du Death Metal technique et intelligent.

Candlemass – Ancient Dreams – 1988

Le Doom Metal était une entité mystérieuse et sombre qui demeurait dans l’ombre des genres plus rapides. Très peu de groupes s’adonnaient à ce genre de rituel musical lent et lourd, ce qui rendait encore plus mythique le genre diamétralement opposé au Death Metal par exemple. Avec son troisième album, Candlemass nous prouvait qu’Il était le roi du Doom et avec des pièces comme Mirror Mirror, le sobriquet de Epîc Doom Metal prenait tout son sens. Ancient Dreams pourrait être considéré par certains comme étant le chef d’œuvre ultime de Candlemass mais dans la réalité, bien que cet album soit effectivement épique et excellent, chaque album de Candlemass est un chef d’œuvre différent du prédécesseur. Candlemass avait dépassé le maître Black Sabbath et dès lors, les nouvreaux groupes de Doom allaient avoir un nouveau point de repère pour perpétuer la flamme majestueuse. Bien des amateurs n’aiment pas la voix de Messiah Marcollin mais attardez-vous à ses mélodies incroyables, vous comprendrez alors tout le sens du mot épique!

Death – Leprosy – 1988

Le Death Metal était en train de germer pour devenir un style à part entière. Le deuxième album de Death pourrait très bien être considéré comme l’un des premiers albums du genre. Sur Leprosy, Chuck et sa bande avaient délaissé le Thrash Metal pur et simple pour incorporer des éléments plus brutaux et surtout plus techniques à leurs compositions faisant de ce deuxième opus un incontournable et un point de départ pour ce qui deviendrait officiellement le Death Metal. La voix de Chuck était un précurseur pour le « growl », les structures musicales changeantes, la rapidité et les riffs incendiaires allaient devenir les bases mêmes du Death Metal. Il est à noter que sur cet album, figurent deux acteurs majeurs de la scène Death Metal des débuts qui allaient un peu plus tard être connus avec leur groupe Massacre. Leprosy est un chef d’œuvre qu’il faut absolument écouter pour bien comprendre d’où est venu les sonorités pas gentilles du Death Metal.

Ministry – The Land of Rape and Honey – 1988

Dans les années 80, les Métalleux et les Alternos se crachaient dessus et dénigraient stupidement le style de l’un et de l’autre un peu comme si les deux entités étaient deux camps ennemis. Ennemi… Je l’ai entendu souvent ce mot là de la part de Métalleux et curieusement, je n’avais jamais adhéré à cette ridicule philosophie musicale. À cette époque, j’avais été Metalleux avant tout le monde dans mon patelin et j’avais des amis Alternos et au fil du temps et de l’évolution musicale de ces deux « camps », j’avais fini par découvrir un monde extraordinaire de l’autre côté de la clôture ce qui m’avait valu l’ire de mes pseudos amis Métalleux qui, pour eux, j’étais devenu un genre de traitre. Tout ça pour finir par comprendre que ces deux « camps » avaient tout en commun et que la rencontre des deux était imminente et allait exploser. Celtic Frost avait déjà commencé à incorporer des sonorités Gothic Rock et Industrielles sur Into the Pandemonium, Voïvod mélangeait déjà un paquet de sonorités issues du monde Alternatif sans qu’on s’en aperçoive vraiment et il fallait une étincelle pour unir le tout et que tout ce beau monde finisse par se côtyer et partager ses idées.

Cette étincelle, c’est Al Jourgensen qui l’a fait jaillir avec le troisième album de son projet Ministry. Oncle Al avait gardé ses sonorités New Wave et Synthpop de ses deux premiers albums et avait incorporé des guitares abrasives et une rythmique destructrice qui n’était pas sans rappeler certaines idées issues du Speed Metal et du Hardcore. Ce mélange avait carrément révolutionné le monde musical underground de l’époque et personne ne s’attendait à un tel phénomène. Tout un monde de possibilités venait de s’ouvrir et les plus ouverts d’esprit allaient en profiter pour expérimenter et explorer. Le monde de la musique underground venait de s’unir même si certains étaient réfractaires à l’évolution. The Land of Rape and Honey est sans nul doute le pionnier du Métal Industriel qui ira influencer plus tard un bon nombre de nouvelles entités telles Godflesh, Prong ou Fear Factory.

Bathory – Blood Fire Death – 1988

À cette époque, toute la sphère Métallique était en état de changements constants. Le Heavy Metal avait muté en Speed Metal qui à son tour avait créé deux variants avec le Power Metal et le Thrash Metal. Ce Thrash Metal s’était scindé lui aussi en deux créant ainsi le Death Metal avec ses sonorités brutales et grasses d’un côté et le Black Metal avec sa sombre agressivité et sa froideur musicale de l’autre. On dit que Bathory est l’un des plus grands pionniers du Black Metal et c’est avec son quatrième album que le genre a véritablement vu le jour. Blood Fire Death jouissait d’une meilleure production et Quorthon avait évolué musicalement apportant des compositions épiques avec des structures d’une technique incomparable tout en gardant ses éléments chaotiques et ses sonorités glaciales. Ce vent de changement allait tout bonnement influencer plusieurs groupes Scandinaves et le Black Metal venait officiellement de voir le jour pour ainsi faire jaillir les ténèbres sur le monde.

Forbidden – Forbidden Evil – 1988

Le basin Thrash Metal Californien s’agrandissait à vue d’œil et créait des chefs d’œuvres à la vitesse de la lumière. Le petit nouveau venu Forbidden perpétuait la tradition nouvellement instaurée à produire des albums de qualité tout en réinventant le genre et en explorer ses facettes. Le Thrash Metal était déjà bien implanté mondialement et le premier album du groupe allait devenir un classique instantané. Avec ses riffs rapides et techniques, Forbidden Evil nous montrait que le Thrash était là pour rester sans aucune concession. Il était intéressant de constater que tous ces nouveaux venus poussaient le bouchon toujours plus loin et ces jeunes musiciens savaient jouer, même très bien jouer au point de pouvoir donner des leçons aux vieux pionniers et leur montrer que la jeunesse pouvait prendre le flambeau et le brandir bien haut. Bien sûr, contrairement à certains groupes de la Bay Area, Forbidden était plus dans l’ombre en connaissant moins de succès mais le groupe peut tout de même se vanter de faire partie de ces « influenceurs » qui ont forgé le Thrash Metal à grand coups de riffs taillés au couteau. Si vous ne connaissez pas encore cet album, je vous conseille vivement de vous y mettre car il fait partie des joyaux purs du Thrash Metal originel!

Pestilence – Malleus Maleficarum – 1988

Comme nous avons pu le constater avec les chroniques précédentes, le Heavy Métal avait évolué très rapidement et avait créé des rejetons qui poussaient plus loin le côté extrême de la musique. Ces rejetons ont à leur tour créé d’autres monstres qui allaient épouvanter les non-initiés. Le Death Metal était en train de conquérir les âme des Métalleux de l’époque et plus rien ne pourrait empêcher le mal de faire son œuvre. Pestilence était arrivé avec un nouveau souffle nauséabond et avait déferlé sa toute puissance sur l’ensemble de la communauté métallique. Utilisant le Thrash Metal comme principal ingrédient, le groupe des Pays-Bas avait ajouté ses propres éléments pour tourner la recette à son avantage : Des riffs très techniques avec une rythmique destructrice et une voix d’outre-tombe pour ainsi créer un album incroyable dont les échos se répercuteraient durant les trois décennies suivantes. Le Death Metal prenait forme et ce nouveau style aura même l’audace de se multiplier en autant de sous genres tel un virus avec ses variants. Pestilence a été d’une grande influence en contribuant à forger ce qu’est devenu le Death Metal et ainsi se placer parmi les grands de ce nom. Mais, ce n’était que le début!

Anthrax – State of Euphoria – 1988

Le quatrième album de Anthrax avait soulevé certaines interrogations à l’époque. Certains saluaient le changement effectué par le groupe tandis que d’autres qualifiaient ce changement de mollesse de la part de groupe. Bien sûr que State of Euphoria n’était pas Among the Living mais c’était la juste suite et cet album est tout de même un important album dans la discographie de Anthrax et pour l’évolution du Métal. Le groupe se réinventait tout en gardant son propre style de Thrash Metal qui finira plus tard par influencer directement la vague du « New Wave of American Heavy Metal » ou proprement dit, le Metalcore Américain. Anthrax avait le vent dans les voiles et son influence allait s’étendre à travers le monde pour être promu dans le cercle fermé du pseudo « big 4 » du Thrash Metal.

Napalm Death – From Enslavement to Oblitaration – 1988

Le Death Metal et le Grindcore en étaient à leurs premiers pas et il ne manquait qu’une petite étincelle pour embraser le tout. Avec son deuxième album, Napalm Death avait possiblement été cette étincelle qui a mis le feu aux poudres et allait propulser tant le Death Metal que le Grindcore dans la grande sphère Métallique. Comme toute nouveauté, ce nouveau son avait eu son lot de détracteurs : Plusieurs qualifiaient cet album d’épouvantable ou de « pas écoutable » et j’en convient qu’à cette époque, il fallait avoir des oreilles aiguisées et un esprit ouvert pour comprendre et accepter ce qui ce passait. Pièces courtes à haute teneur énergétique, riffs gras et juteux et une voix rappelant un cochon égorgé : Tous les ingrédients qui ont forgé le Grindcore et le Death Metal étaient là. L’arrivée de Shane Embury y est aussi pour quelque chose car ce bonhomme est devenu au fil du temps une légende du monde Métallique et un compositeur de riffs incroyable. Prenez-en de la graine, le train s’en venait et il ne serait pas arrêtable!

King Diamond – ‘Them’ – 1988

Un bon nombre de Métalleux d’aujourd’hui a tendance à minimiser l’impact que King Diamond a eu sur l’Évolution Métallique vraisemblablement dû à une certaine ignorance de cette histoire Métallique. Ici, je ne dis pas que les Métalleux sont ignorants, je dis simplement que, comme pour l’histoire en général, l’ignorance de son passé est une réalité triste et à la fois épouvantable. Avec ses deux albums de Mercyful Fate et avec son troisième album solo, King Diamond en était rendu au point de faire évoluer le Métal avec ses idées théâtrales et ses compositions techniques et construites à la manière de la musique classique. Même si King Diamond est toujours demeuré dans l’ombre, son influence fut des plus importantes au niveau du Métal symphonique. ‘Them’ apportait un niveau technique encore plus élevé que par le passé et prouvait que King Diamond était passé maître des albums concepts. En tant qu’artiste, le King ne se contentait pas de seulement faire du Heavy Metal, il en faisait un art à part entière en omettant aucun détail. King Diamond a su demeurer intègre à son personnage et à ses idées, et il le restera pour le restant de carrière qui perdure encore aujourd’hui. Prenez le temps d’écouter Mercyful Fate et King Diamond, vous comprendrez comment le Métal a su évoluer de diverses façons et vous retrouverez des éléments qui ont été des précurseurs dans le domaine.

Metallica – …And Justice for All – 1988

La mort de Cliff Burton a eu beaucoup plus d’impact sur Metallica que nous pourrions le penser. Dès Ride the Lightning, Burton était devenu l’âme du groupe et principal initiateur de riffs et d’idées qui avaient mené Metallica vers des pièces incroyables et influentes pour plusieurs générations à venir. La disparition de Burton avait laissé un grand vide tant au sein du groupe que dans ses compositions futures. Plusieurs ont encensé le quatrième album …And Justice for All pour des raisons louables et évidentes : Cet album regorge d’excellents riffs techniques et de superbes idées qui ont sans aucun doute changé le cours de l’histoire Métallique. Mais, ceux qui ont encensé cet album étaient en fait de nouveaux fans qui découvraient Metallica pour la première fois et non les fans de la première heure. Ceux-ci, dont je fais partie, avaient tout bonnement boudé l’album et encore aujourd’hui considèrent celui-ci comme étant un album raté. Un album technique certes mais sans saveur, sans âme et surtout sans basse. Certains diront que …And Justice for All est le dernier album de Metallica. C’est faux. Le dernier album de Metallica fut Master of Puppets. Ce quatrième album était en fait le premier album du changement et de la descente aux enfers vers l’appât du gain et de la popularité. Un fossé s’était creusé entre les anciens fans et les nouveaux fans et nombreux détracteurs de Metallica de la glorieuse période avaient tout d’un coup changé d’idée avec six ans de retard. Metallica aurait dû changer de nom à partir de cet album et ainsi éviter de ternir les trois incroyables albums précédents. Mais, l’influence de ..And Justice for All est indéniable sur l’Évolution Métallique malgré les réticences et la controverse générées depuis plus de trente ans.

Celtic Frost – Cold Lake – 1988

Comme le chantera plus Tard S.O.D. « What happened to Celtic Frost? » sur la pièce Celtic Frosted Flakes, nous étions en droit à l’époque de se questionner sur le troisième album de Celtic Frost. Alors que Into the Pandemonium marquait un virage plus Gothique et plus intéressant musicalement, Cold Lake avait frappé le monde Métallique par surprise avec non seulement un look Glam mais aussi avec des pièces sirupeuses sans inspiration comme si Tom avait décidé de se prostituer pour faire la piastre. Même le Tom G. Warrior avait disparu au profit de Thomas Gabriel Fischer (son vrai nom) et tout le trip sombre et médiéval s’était éclipsé pour faire place au rose bonbon et les cheveux crêpés. Certains diront que cet album est très bon : Oui si on est un fan de Poison ou Cinderella. Mais pour les vrais Métalleux de l’époque (et encore aujourd’hui), cet album était un affront direct qui a détruit Celtic Frost pour de bon et le groupe réussira à s’en remettre partiellement près de vingt ans plus tard en 2006 lors de son retour avec l’album Monotheist. Cold Lake a plus tard été renié par Tom qualifiant celui-ci d’abomination. Plusieurs groupes de cette époque ont tenté de changer pour l’appât du gain en délaissant leur intégrité et leur sens artistique, Celtic Frost avait été possiblement le pire d’entre eux car Cold Lake est effectivement une abomination qui ne peut même pas servir de sous verre…